→ Depuis ses treize ans, Johnie vit avec « ses deux » papas. Son véritable père et son nouveau conjoint, Adam Ferguson. Il s’est avéré qu’au bout de douze années de mariage, Thony De Tomaso est en réalité homosexuel.

→ Johnie rêve de devenir actrice, c’est pour cette raison qu’elle étudie la cinématographie. De plus, elle a déjà joué un rôle de figurante dans un film qui a connu un bref succès. Pas de quoi démarrer une grande carrière…

→ Elle adore écouter du rock lorsqu’elle fait du ménage, allant jusqu’à danser avec son aspirateur et l’utilisant parfois comme une guitare ou un micro.

→ Il n’y a pas une journée sans laquelle Johnie ne passe pas la main dans ses cheveux. Ce n’est pas un signe de stress, de malaise, de contentement. C’est simplement une petite manie qui ne la quitte plus.

→ Elle est une véritable fan des walt disney, elle connait presque toutes les chansons par cœur et bien évidemment elle a ses films fétiches. Comme le Roi Lion, la Belle et la Bête, Mulan, Aladdin, Pocahontas, La Petite Sirène… et exception à la règle, elle adore Anastasia, qui n’est pas un walt disney. Mais l’histoire n’en est pas moins belle pour autant !

→ Elle aime changer régulièrement de parfums pour ne pas tomber dans la monotonie. Nina Ricci, J’adore de Dior, Chance de Chanel… font partie de ses favoris. Elle jongle entre ceux-là, et parfois elle essaye des nouveautés.

→ Petite elle avait ce que sa mère appelle « une peau de lézard ». Notamment sur les jambes, sa peau était si sèche que ça donnait l’impression d’écailles, et elle était souvent sujette à l’eczéma. Depuis, elle se fait régulièrement des bains aux huiles essentielles pour s’hydrater le corps.

→ Johnie aime regarder des animes en japonais, cette langue l’a toujours amusée. Bien que difficile d’oreille au début, elle s’y est finalement habituée et en vient même à l’apprécier. Elle a retenu comment dire le mot cœur et s’amuse à le prononcer dès que l’occasion se présente.

→ Elle adore les sports à sensations, et son préféré reste le jet-ski. Dernièrement, elle veut à tout prix tenter le saut en parachute.

→ Pour ses dix huit ans, sa mère, Tish Parton, a eu la grande idée de marier sa fille avec un jeune homme de bonne famille. Désapprouvant totalement ce choix, Johnie ne s’est pas pointée le jour de la cérémonie. C’est depuis ce jour qu’elle vit à Miami.

Szdrastvouï tovarich ! Je suis tout simplement moi, ahah ! Je vais jouer la carte de la fille mystère et ne pas divulguer mon nom ;) Par contre, je veux bien vous avouer que j’ai dix neuf ans, pour le moment. Je vis en France, pas très loin de Paris. Mais j’ai dans mes projets de bouger et de ne pas stagner toute ma vie au même endroit. Je veux voyager, et pour ça je commencerai par une année de jeune fille au pair. Et ensuite, je visiterai tout un tas de pays ! Mon rêve ? M’installer et vivre en Australie (a) J’ai connu C&B par internet. Ahahah, ce que je suis drôle ! x) Je déconne. Tout simplement par une demande de partenariat ;) Le nom a attiré mon attention. Je serais présente au minimum 5 jours par semaines, sauf absence préalablement signalée. En ce qui concerne le code, ben y en a pas. J’ai même vérifié s’il était caché en mode invisible, et même pas ! Le p’tit coup de panique « oh faut lire le règlement ! » est réussi ! ;D Congratulations !
Pour finir, j’espère m’amuser :) Avec vous cela va de soit ;)

CHAPTER ONE . Comment ça une fille ?!

Allongée dans son lit d’hôpital, vêtue d’un simple pyjama ridicule blanc à motifs jaunâtres, Tish Parton – qui prochainement se nommerait De Tomaso – attendait patiemment que le travail commence. Depuis des mois son accouchement était prévu pour le 22 mars aux alentours de 21 heures. Elle ne pourrait même pas dîner chez elle en compagnie de son fils et de son fiancé. Mais qu’importe, elle rentrerait chez elle dans quelques jours avec une magnifique surprise : un petit frère pour son fils adoré. Alors qu’elle rêvassait en parcourant les pages d’un magazine people, une infirmière entra dans la chambre avec un calepin à la main. « L’accouchement est prévu pour aujourd’hui ? » Demanda-t-elle en observant Tish par-dessus ses lunettes à monture d’écailles. « Oui, le médecin avait fixé l’accouchement pour 21 heures. » Annonça Tish en hochant la tête. « Vous connaissez déjà le sexe de l’enfant ? » Continua l’infirmière d’un ton intéressé. « C’est un garçon ! » Répondit Tish toute excitée. L’infirmière sourit et prit congé. Après quelques instants de solitude, un petit garçon déboula dans la chambre accompagné d’un homme au regard séduisant. « Maman !!! » S’écria le petit brun au regard espiègle, il monta sur le lit et se blottit dans les bras de sa mère. « Oh mon bébé, tu m’as manqué ! Tu vas bien ? Tu as mangé ? Tu es impatient de faire la connaissance de ton petit frère ? » Submergée de questions, le petit Dakotah se contenta d’hocher la tête en signe d’approbation. « C’est plutôt à toi que nous devrions demander comment tu te portes, Tish. Tu n’es pas trop épuisée ? » « Comment pourrais-je l’être ? A moins qu’il soit possible d’être épuisée d’ennuis… Tant que le travail n’a pas commencé, je ne serais pas le moins du monde fatiguée. » « Ravie de l’entendre ! Et maintenant nous sommes là pour te divertir. Souhaites-tu quelque chose ? Je vais me prendre un café, je peux en profiter pour te ramener ce que tu désires. » « Hm, une bonne bouteille de vodka ! » Devant le regard choqué de son fiancé, Tish éclata de rire. « Je rigole bien sûr ! Un jus d’ananas s’il te plait. » Tish continuait de rire de bon cœur, ce n’était pas la première fois qu’elle filait pareille frayeur à Thony, son fiancé. Surtout depuis qu’elle était enceinte. Il devait trop craindre de perdre son enfant, si bien qu’il prenait soin de sa fiancée comme s’il eut s’agit du dernier spécimen d’une espèce en voie de disparition. Lorsqu’il revint quelques minutes plus tard avec son café et le jus de fruit de Tish, celle-ci ne tarda pas à pousser des petits cris. « Ouh ouh… oh je crois que cette fois ça y est ! … Ah oh oh, ah… Thony, ça commence ! » « Maintenant ? » « Oui maintenant ! » « Tu en es sûre ? » « Puisque je te le dis !!! » « Bien bien, parfait ! J’appelle le docteur ! Dakotah, viens avec moi. » Thony emmena le petit garçon et appela le médecin qui entra rapidement dans la chambre avec deux infirmiers. Pendant la demi-heure qui suivit, Thony vit entrer et sortir les infirmiers de la chambre. Ce qui eut le don de l’agacer, ne sachant pas à quoi s’en tenir. « Bon sang de bon dieu ! Allez-vous enfin me dire ce qu’il se passe dans cette chambrée ? Depuis tout à l’heure vous faites maints allers et retours, ma femme n’est pas mal ?! » S’écria soudainement Thony n’y tenant plus. « Non monsieur, calmez-vous. Il faut un certain temps avant que l’accouchement ne commence. Mais tout va bien pour le moment. Vous pourrez assister à l’accouchement si vous le souhaitez. Une infirmière restera avec votre enfant. » L’infirmier qui sortait à peine de la chambre réussit à le calmer, et ainsi Thony alla assister à l’accouchement de son premier enfant tandis que Dakotah restait avec une charmante infirmière.

Lorsque le médecin tira enfin le petit nourrisson de l’utérus de sa mère, il leur annonça le sexe de l’enfant en le posant sur le ventre de la jeune mère. « Toutes mes félicitations, c’est une magnifique petite fille. » « Qu… quoi ? Comment ça une fille ?! » S’écria Tish à bout de souffle. « Oui, une fille. Regardez-donc, elle n’a pas le moindre petit zizi. » Lui répondit le médecin amusé. « Bien, nous allons l’emmener à la toilette pour ne pas qu’elle prenne un coup de froid. » Ajouta-t-il en coupant le cordon ombilical. Ainsi une infirmière prit en charge le nourrisson, laissant deux parents éberlués. « Une fille… » Répéta Thony. « Ce n’est pas possible… ce n’est pas mon bébé… normalement nous aurions du avoir… » « Une fille… » Continuait de répéter Thony, apparemment sous le choc de la nouvelle. « Oh cesse de répéter bêtement ça ! » L’infirmière du début, aux lunettes à monture d’écailles, entra alors dans la chambre, toujours avec son calepin. « Bien bien, voici nos heureux parents ! Félicitations ! Votre fille est vraiment superbe ! Mais ne deviez-vous pas avoir un petit garçon ? » « Si… d’après notre médecin, enfin celui de ma femme… » « Fiancée. » « Oui fiancée. Enfin, il nous avait annoncé que nous attendions un garçon. À chaque échographie, il nous annonçait encore et toujours un garçon. » « Et ben… changez de médecin ! » Leur dit l’infirmière en pouffant de rire quelques instants avant de reprendre son sérieux. « Bien, comment allez-vous l’appeler ? » Thony et Tish se regardèrent, l’air inquiet. « Peut-on en discuter quelques instants ? » « Bien évidemment, je reviens plus tard. » Elle s’éclipsa, laissant jeunes parents dans le doute le plus complet. « Comment faire ? Nous n’avons qu’un seul prénom en tête et il est masculin ! » « Je sais… » « Quel prénom féminin aimes-tu ? » « Josianna. » « Oh non, ça fait trop mamie ! » « Et toi ? » « Sissi. » Thony explosa alors de rire. « Et puis quoi, elle va épouser Franz ? » Tish lui jeta un regard de reproche avant de rire à son tour, avouant qu’en effet c’était la pire idée de sa vie. « J’ai une idée ! » Annonça soudain Thony en recouvrant son sérieux. « Johnie est un joli prénom, et qu’importe qu’à la base il soit masculin. Dakotah est bien un prénom mixte. Et j’ai déjà rencontré des hommes se nommant Camille, et des femmes s’appelant Dylan. Appelons-la Johnie ! Ça fera d’elle une personne unique, et je suis persuadé qu’elle portera ce prénom à merveille ! » Tish le regarda avec un grand sourire, les yeux brillants. « C’est de loin ta meilleure idée. »

C’est ainsi que naquit le 22 mars 1989, Johnie De Tomaso, une magnifique petite fille. Enfant unique de Thony De Tomaso, et deuxième enfant de Tish Parton, et petite sœur de Dakotah Parton – De Tomaso.

CHAPTER TWO . Papa quitte maman… pour le pharmacien.

Depuis l’année dernière, la famille De Tomaso au grand complet avait prit le large pour les Etats-Unis. Le nouveau monde… Finit l’Italie, Pise et sa tour penchée. Bonjour l’Amérique ! Et plus particulièrement Washington ! Ce fut spécialement pour le travail de Thony qu’ils déménagèrent tous, au grand bonheur de Tish qui retrouvait enfin son pays. Même si toute son enfance se passa près de la frontière du Canada… Le simple fait d’être de retour sur le continent la ravissait. En revanche, Dakotah et Johnie apprécièrent moins l’annonce du déménagement. Un peu plus de tact de la part de leurs parents ne leur aurait pas fait de mal non plus. Les enfants rentraient tout juste de l’école lorsque monsieur et madame De Tomaso le leur annoncèrent. « Les enfants, s’il vous plait venez, nous avons quelque chose d’important à vous annoncer. » « Je t’avais dit qu’elle était encore enceinte. » Souffla Dakotah à l’oreille de sa petite sœur. « Hé n’importe quoi ! » Se défendit leur mère en tirant la langue. « Dakotah, Johnie, j’ai une excellente nouvelle, une grande nouvelle, ça va changer notre vie ! » Commença Thony dans un grand sourire, à se côtés Tish trépignait d’impatience. « Vous savez que je travaille actuellement sur un projet très important, et mon patron est venu me voir ce matin pour, lui aussi, m’annoncer une grande nouvelle. Il a si bien apprécié mon travail… » « On part vivre en Amérique !!! » Le coupa Tish en piaffant de joie. « Tish ! » Elle le regarda innocemment et lui fit comprendre qu’il était bien trop long. Le visage de leurs enfants se décomposa peu à peu… « Pour de vrai ? » Demanda Johnie. Devant le hochement de tête approbateur de ses parents, la demoiselle s’écroula dans le canapé, les larmes au bord des yeux. « Mais… et toutes mes copines ? » « Oh chérie, tu es jeune ! Tu t’en feras d’autre ! Et puis de toute manière, vous vous seriez disputées dans moins de trois ans. » « Tish ! » « Quoi ? » « Un peu de compassion tout de même. » Dakotah se leva alors du canapé, et dans une moue nonchalante, il ajouta : « Maman avoir de la compassion ? Elle en a que pour ses chaussures à 200€ la paire. Perso, j’me fous du déménagement. Ici ou ailleurs, la vie reste la même. Une pomme moisie sans goût, ni couleur. » Tous le dévisagèrent avec de drôles de yeux. Bien sûr que tout le monde est habitué à la crise d’adolescent existentiel de Dakotah, mais parfois il laisse quand même les gens sur le cul avec ses drôles de phrases. Brisant le silence, il finit par demander : « On part quand ? » « Euh… dans six mois. » « D’accord. J’ai le temps de faire mes adieux à tous ces êtres insignifiants que je côtoie chaque jour. » Dit-il toujours sur ce même ton un brin blasé et démoralisant. « Moi je ne veux pas quitter Pise, je ne veux pas quitter l’Italie ! Vous comprenez… c’est mon pays, c’est ma maison… » S’exclama Johnie, des larmes plein la voix. « Ma petite souris, je suis vraiment désolé. Mais nous n’avons pas le choix, c’est pour le travail. Mais tu pourras toujours revenir pour les vacances, chez mamita et papito. Je te le promets ! » Thony prit sa petite fille dans ses bras pour la réconforter. Ainsi, six mois plus tard, tous partirent pour l’Amérique. Dakotah et Johnie étaient alors âgés de dix sept et douze ans.

L’adaptation dans ce nouveau pays, dans cette nouvelle ville, une culture un peu différente, des règles pas toujours identiques, un environnement totalement différent, une nouvelle langue, de nouveaux camarades de classe… Johnie et Dakotah durent s’habituer à tout cela en même temps. L’anglais leur vint plus rapidement qu’ils ne l’auraient cru. Mais cette nouvelle vie fut difficile pour Johnie au départ. Surtout la première année ! D’autant plus que ses parents ne cessaient de se disputer… Finalement la nouvelle tomba, peu de temps avant ses treize ans. Tish et Thony divorçaient… Mais lorsque la demoiselle demandait pourquoi, la seule réponse qu’elle obtenait était un charabia sur l’amour qui s’est effacé entre eux. Et pourtant, sa mère semblait toujours amoureuse, ou alors terriblement blessée. Longtemps elle pleura, cria, hurla, passa ses nerfs sur les fleurs du jardin, si bien qu’il fallut engager un jardinier pour tout remettre en ordre. Sa réponse, Johnie l’obtient un jour en retrouvant son frère qui discutait avec des amis. « Dakotah, pourquoi est-ce qu’ils se séparent ? Maman a saccagé toutes les fleurs, elle devient complètement folle ! » « Alors t’es pas au courant ? » « Ils ne s’aiment plus ? » « Ahah, ouais… on va dire ça. T’es vraiment naïve ma pauvre Lucette. » « Je m’appelle pas Lucette. » « Papa quitte maman… pour le pharmacien. » « Mais… c’est un garçon. » « Je sais, ce qui veut donc dire que… ? » « Papa est… oh il est nhomosexuel ?! » Dakotah explosa de rire. Malgré ses treize ans quasiment acquis, Johnie restait parfois vraiment naïve et ignorante. « Homosexuel, gay. Ouais il l’est. Et maman apprécie pas du tout, elle doit croire que c’est elle qui l’a rendu comme ça. Elle se sent responsable du changement de bord de papa. » Puis il se tourna vers ses potes et en rigolant ajouta : « Ça ferait un trop bon livre ou film ça ! La femme responsable de l’homosexualité de son mari. » Et tous rigolèrent, oubliant Johnie qui était déjà loin dans ses pensées. Finalement, ça cogita assez rapidement dans son esprit et la nouvelle ne fut pas de grabuge. Elle prit ça très bien, et demanda même à vivre avec son père. Son nouveau compagnon était charmant, et le contact passa vraiment très bien entre lui et les enfants. Dakotah s’amusa en effet à écrire une histoire sur la femme terrorisée d’avoir rendu son mari gay. Rien d’homophobe là-dedans, il tournait d’ailleurs la chose à la dérision. Thony et Adam, son nouveau compagnon, adorèrent cette petite nouvelle et encouragèrent vivement Dakotah à la faire publier.

Finalement, la séparation ne traumatisa absolument pas les enfants. La seule qui n’arrivait pas à l’accepter était Tish. Mais il lui faudrait simplement du temps. D’ailleurs, la première année, Dakotah vécu également avec Thony. Sa mère pétant régulièrement les plombs, il valait mieux la laisser se calmer et se reprendre en main. Il fallut donc deux années à Tish pour accepter le fait que son mari soit finalement gay, et elle se rendit compte que rien ne l’empêchait de continuer sa vie. Si Thony le pouvait, elle aussi ! Et puis, pour ses enfants il était important qu’elle redevienne une mère forte. Ce qu’elle fit, et elle entra rapidement dans le monde du luxe et de la bourgeoisie. Bon avouons-le immédiatement, Tish y vivait déjà mais partiellement seulement. Le divorce lui fit totalement changé d’esprit, de façon de penser, de façon de voir les choses. Et ses enfants se trouvèrent alors embarqués dans son nouveau monde de folies…

CHAPTER THREE . Trop jeune pour le mariage !

Ce weekend là, Johnie le passait chez sa mère. Dakotah n’était pas présent pour cause de road trip avec des amis en Californie. Elle était donc seule en compagnie de sa chère mère. Adorable, maternelle, quoi que parfois un peu névrosée… mais Johnie l’aimait ainsi, et puis de toute manière c’était comme ça ou pas du tout. Autant ne pas chipoter. Depuis son divorce, Tish Parton n’était plus la même… Johnie était donc tranquillement allongée sur le canapé, les pieds sur le dossier et la tête dans le vide en train de se faire les ongles des mains. Quand soudain sa mère entra en trombe dans le salon en piaffant de joie. « Honey, honey, honey ! » Depuis leur arrivée en Amérique, Tish ne ratait pas une occasion d’employer la moindre expression américaine. Mais Johnie oublie parfois que sa mère est une américaine pure souche. « Oh lala, tu ne devineras jamais !!! » « Tu as croisé Woody Allen ? » Demanda sans conviction Johnie, complètement désintéressée de l’état d’excitation de sa mère. « Oh ma chérie ! » Tish attrapa les pieds de sa fille et la fit tourner pour la remettre dans le bon sens. Résultat : Johnie se peignit la moitié de la main avec son vernis rouge vif. « Merci maman, tu m’as fait foirer mon vernis ! » « Pas grave, j’ai une super nouvelle ! » « Maintenant va falloir que je recommence. Mais c’est pas le plus grave, non maintenant j’ai du vernis plein la main ! » « J’ai rencontré une femme extraordinaire, son mari travaille dans une grande entreprise, et ils ont un fils très élégant. » « Et je ne sais même pas où tu ranges le dissolvant ici… » Tish et Johnie ont le même gros défaut en commun : elles n’écoutent pas. Lorsqu’elles ont quelque chose en tête ou qu’elles sont lancées dans une discussion, elles n’écoutent plus les personnes autour. Johnie tient ça de sa mère, il n’y a pas de doute ! « Mais écoute moi !!! » S’écrièrent-elles soudain en même temps. Elles se dévisagèrent, Johnie se redressa et brandit sa main en l’air pour la montrer à sa mère. « C’est de ta faute ! La prochaine fois demande-moi de me redresser. » « La prochaine fois, tu ne feras pas ton vernis la tête à l’envers. » « Mais j’aime bien, et ça te dérange pas ! » « Ne te plains pas, tu ne t’en prends qu’à toi-même. » « Non à toi ! » « Jeune fille, tu vas te calmer. » Johnie poussa un long soupir, face à sa mère elle ne pouvait pas avoir le dernier mot. Chacune essaierait de l’avoir et cela durerait des heures, et elle ne le savait que trop bien puisque c’était déjà arrivé. « Bon, tu me disais quoi ? » « Oh oui ! » Tish tapota dans ses mains et vint s’asseoir à côté de sa fille, grand sourire aux lèvres. « Je t’ai trouvé un fiancé !!! » Dit-elle en poussant un petit cri aigue de joie. Johnie fixa sa mère sans laisser la moindre émotion naître dans ses yeux, sur son visage. Sa vision s’estompa, une brume sombre apparut peu à peu, enveloppant Johnie. Elle se trouvait dans une pièce sombre, vide, seule, et elle hurla… elle hurla si fort sa haine, sa peur, son angoisse. Lorsqu’elle cligna des yeux, sa mère la regardait toujours en souriant comme une gosse et elle parlait, sans s’arrêter. Que pouvait-elle bien raconter ? Johnie sortit enfin de sa torpeur, elle n’avait pas osé faire ça quand même ? Sa propre mère… Mettant le maximum de rancœur dans sa voix, elle réussi enfin à prendre la parole. « Tu m’as quoi ??? »

Et non, ce n’était pas un rêve. Et oui, Tish avait bien osé trouver un fiancé à Johnie sans son avis. Comment pouvait-elle lui faire cela ? En plus, Johnie ne descendait même pas d’une famille riche, dite bourgeoise et renommée. Alors pourquoi vouloir lui faire épouser un mec qu’elle ne connait pas, pourquoi un mariage arrangé ? Pourtant, Johnie a si souvent critiqué ces façons de faire… Mais une fois de plus, cela démontre que Tish n’a pas écouté ce que ses proches ont à dire. Les mois qui défilèrent furent très durs pour Johnie, elle évita au maximum de se rendre chez sa mère, l’évitant tant qu’elle le pouvait. Thony tenta de résonner Tish, mais rien n’y fit. Tout comme sa fille, quand Tish a une idée en tête il est difficile de la lui faire renoncer. Quand elle invita sa fille à venir faire la rencontre de son « fiancé », Johnie dit avoir la grippe. Quand elle lui demanda de venir essayer sa robe de mariée, Johnie prétexta avoir un examen important à réviser, un examen très très important. Mais finalement, plus le temps passait et plus le moment crucial se rapprochait dangereusement… Il fallait que Johnie agisse, qu’elle trouve une solution au plus vite. Il est absolument hors de question qu’elle se marie à dix huit ans, et encore moins avec un mec qu’elle ne connait pas.

« Papa, on doit parler. » Thony leva les yeux de son journal et regarda sa fille. Elle paraissait anxieuse et épuisée. « Encore cette histoire de mariage ? » « Exactement, je dois faire quelque chose ! Je suis trop jeune pour le mariage ! » « Je sais ma petite puce, je sais… et je désapprouve totalement le choix de ta mère. » Johnie vint s’asseoir en face de son père. [color=#FF6600« J’ai donc trouvé une solution. Et j’ai beaucoup réfléchit, c’est pas évident, c’est peut être pas la meilleure des solutions. Mais entre ça et me marier, je choisis la solution d’échappatoire. »[/color] Thony posa ses lunettes sur la table et prit les mains de sa fille dans les siennes. « De quoi s’agit-il ? » Johnie poussa un long soupir, pour se donner du courage. [color=#FF6600« Il faut que j’aille vivre ailleurs, dans une autre ville, dans un autre état même. Je n’irais pas au mariage. Je suis sûre que ce mec a déjà la quarantaine et que c’est un vieux crouton ! Sans vouloir t’offenser papa, t’es en super forme. »[/color] Thony rit un peu, puis redevint sérieux. « Tu as une ville en tête ? » Elle hocha la tête. « Miami. » Il marqua un temps, et réfléchit un peu. « Pour quand est prévu le mariage ? » « Dans trois semaines. » « Hm… ça ne nous laisse pas beaucoup de temps… » Un grand sourire apparut sur le visage de Johnie. « Alors tu es d’accord ? » « Rien n’est plus important que le bonheur de ma petite fille. » Lui dit-il en lui adressant un sourire paternel et réconfortant. « Oh papa, je t’aime tant ! » « Je t’aime aussi ma petite fraise des bois. » C’est ainsi que Thony mit tout en œuvre pour trouver très rapidement un appartement pour sa fille à Miami. Il s’occupa aussi de ses frais de scolarité, elle avait émit le choix de suivre des cours par correspondance. Il géra tout le transfert des meubles et acheta ce qui manquait. Désormais, il lui verserait une pension pour qu’elle puisse se payer son loyer, sa nourriture et même quelques loisirs. Il lui fit évidemment comprendre qu’elle devrait rapidement trouver du travail, elle ne pourrait pas rester indéfiniment aux dépens de son père. Au bout de trois semaines, la veille du mariage, tout était près. Chose tout de même incroyable ! Thony ne put accompagner sa petite fille à Miami, il lui dit donc au revoir à l’aéroport. Mais elle promit de l’inviter bientôt. Elle lui remit une lettre à destination de sa mère. Et Johnie prit l’avion, à destination d’une nouvelle vie.

Aujourd’hui, Johnie vit depuis quatre ans à Miami. Elle a bien sûr revu son père, mais pas sa mère. Elle ne se sent pas encore prête à la revoir, ayant trop peur qu’elle l’embarque dans un nouveau mariage improvisé. En revanche, elle lui a téléphoné et est soulagée de constater que sa mère lui a pardonné son absence, sa lâcheté. Tish s’est même excusée, prenant conscience de l’acte affreux qu’elle avait commit. Et finalement, Johnie ne regrette pas d’être partie, sa nouvelle vie lui plait parfaitement. Liberté et bonheur, pas de contrainte, juste ce qu’elle voulait… !