Les souvenirs qu’on s’invente sont parfois les plus beaux, mais ceux vécus, demeuraient ceux auxquels ont tenait énormément d’importance. Certains sont plus en profondeur mais restent les plus douloureux. Rien n’était plus pareil, ainsi le passé était loin derrière l’individu ou peut être pas. Si petit peut paraitre l’être et si grand peut en être sa pensée. Munit d’une constance et d’une légèreté sans borne, sans limite ni barrière, la pensée prône son idée primaire comme les couleurs d’un ciel sans nuage danse dans le monde d’en haut. Elle est le maitre de notre conscience, source de nos envies et de nos convictions. Et pourtant l’humain continue de désespérer dans sa soif d’impatience à découvrir, à mettre un visage sur l’inconnu, un mot sur un silence, un son sur une mélodie et un néant sur un trou béant. Rien n’est plus compliqué que l’existence d’un mystère, surtout si le lien que vous entretenez avec ce secret est familier et réciproque ; ce qui pouvait être le cas entre la jeune fille et sa génitrice comme elle tendait à la nommer lorsqu’on parler obligatoirement de sa personne. Tout paraissait si compliqué, si inconstant & glacial que les sables mouvants de la déchéance pouvait l’engloutir tout d’un coup, d’un seul sans prévenir aucunement. Cependant, laisser les choses et les faits la trépasser n’était guère envisageable pour sa part. Debout derrière le comptoir de la cuisine, elle s’activait à servir le diner de son demi-ainé, le dernier proche de sa famille avec qui la connaissance semblait être devenue des plus limpide et complice possible. Ce dernier installé confortablement sur le canapé en cuir en d’un noir soutenue, la toisait d’un regard protecteur et réprobateur à souhait. « George, j’aimerai vraiment que tu cesses de courir partout comme cela ! ». La dénommée Georgial e considéra d’un sourire sincère tout en poursuivant sa tâche, toujours sous l’œillade râleuse de son frère. Plateau en main, Georgia s’avança jusqu’au salon de l’appartement et déposa le tout sur la petite table en bois de chêne. « Tu as besoin de te reposer quelques temps Allen, et je t’ai dit que tu pouvais compter sur moi alors contente toi de te recentrer sur ta santé. C’est de cette manière que tu pourras me venir en aide, d’accord ? ». Grimaçant légèrement mais résigné d’une certaine façon Allen répliqua quelques peu ironique. « Et on se demande lequel des deux est l’ainé dans tout cela ! ». Rigolant tous deux d’un bon rire complice, elle s’installa à son coté en tailleur, tout en serrant entre ses mains fines et travailleuse une tasse de café bien chaude, sa drogue quotidienne. Le jeune brun quelques peu hésitant garda le silence tout en se questionnant sur le visage de pensée de sa cadette. « George, tu aurais des soucis quelconques avec un certain Gavin ? ». Ses prunelles fixant toujours la télévision, la jeune américaine ne cessait de penser à ce nom usuel, celui qui un peu plus chaque vendredi soir ne cessait de l’observer d’un œil mystérieux et étrange. « Non, pas que je sache pourquoi je devrais avoir des problèmes ? ». L’interrogea-t-elle d’une voix nettement curieuse tout en haussant un sourcil. « Disons que c’est un type en qui on ne peut pas avoir totalement confiance, les erreurs sont toujours présentent dans notre passé, moi le premier crois moi. Alors fais bien attention. ». Son assertion était franche et sincère. Elle prenait bien compte de sa demande, mais elle ne pouvait pas lui divulguer la vérité sous peine de voir son inquiétude grandir physique et mentalement. Allen avait grand besoin de se reposer, de prendre du temps pour y voir clair, et ce n’était pas ce type qui allait y changer quelques choses. Alors autant qu’elle respecte son premier raisonnement et qu’elle garde tout pour elle. « Ne t’inquiète pas encore une fois, vivre avec un père pendant des années et des années ça forge l’esprit, je suis grande fille et c’est très bientôt tu pourras reprendre son rôle de grand frère si cela t’arrange, mais pour l’instant c’est comme ça et pas autrement ! ». Dit-elle en souriant de nouveau afin de détendre l’atmosphère et surtout de changer de sujet. Elle s’abreuva d’une énième gorgée de caféine et se leva rapidement tout en déposant sa tasse sur le petit meuble. « Bon je vais bosser et je compte sur toi pour dormir ! ». « Va sœurette, mais attention … ». « … je sais déjà d’avance ! ». Le coupa-t-elle en levant les mains et les yeux au ciel. Georgia prit son sac à bandoulière et partie sans demander son reste en direction du bar.

Il était bien souvent le cas qu’elle sorte le soir, elle appréciait le silence nocturne, rien de mieux pour pouvoir réfléchir mais aussi de quoi gagner sa vie. Elle travaillait comme barmaid le soir - histoire de pouvoir filer un coup de pouce pour son demi frère -, et avait pris le pli depuis quelques mois déjà. Elle reprit ses esprits lorsqu’un client à l’allure éreintée et complètement paumé s’installa au comptoir du bar. La musique des Killers raisonnait en fond sonore, mettant dès lors une ambiance comme à l’accoutumée. Indianna aimait travailler dans cette situation où l’odeur de la cigarette s’évapore rien qu’en dansant au rythme régulier - ou pas - de la musique, mais parfois rien ne se déroulait comme prévu. Le pauvre type lui commanda une téquila frappée, suivit de deux verres de rhum, à la fin du troisième verre le malheureux se mit à déverser toute une rancœur envers sa femme qui venait de le plaquer. Esquissant un pauvre sourire, qu’elle ne pensait pas vraiment, la fine blondinette arqua un sourcil lorsqu’elle aperçu au loin une silhouette qu’elle ne connaissait que trop bien. La connaissance en cause s’avança vers elle, et s’appuya au bord du comptoir. « Alors ma belle, encore présente sur cet endroit malfamé ?! ». Cette question presque assertion, lui arracha un maigre rire ironique presque moqueur car venant de la part de Gavin, plus rien ne l’étonnait. « On ne change pas les vieilles habitudes. ». Lui avait elle dit en secouant son visage d’un air amusé. Saisissant une bouteille de bière, elle l’ouvra très vite et la fit glisser sur le comptoir pour qu’il parvienne à l’endroit où se trouvait son « ami » de longue date. A son tour, la Callahan s’accouda sur le bar et reprit. « Ne me dis pas que tu es présent ici pour la même rengaine ? Tu sais ce que j’en pense et puis de toute façon je n‘aime pas perdre mon temps avec les petits prétentieux. ». Dès lors, elle se retourna afin de terminer ce qu’elle avait commencé avant que le brun n’arrive. S’abreuvant d’une gorgée de bière, son interlocuteur lui répondit. « Je sais très bien qu’il n’est pas ici, c’est bien dommage. Il laisse sa petite sœur sous aucune surveillance, cela m’étonne de lui … ». Il ricana le sourire amer, et quitta les lieux tout en considérant l’américaine d’un clin d’œil de mauvais augure. Sale type ! Avait elle pensée, mais qui pourrait la contredire. Elle ne lui accorda aucune œillade, et poursuivit son boulot adoptant l’acte de l’ignorance.